“Ne soyez pas un parent hélicoptère”. Ce message a été fréquemment répété dans le but d’encourager les parents à se tenir à l’écart de leurs enfants et à leur donner plus d’espace et de liberté pour explorer. Mais il ne dit pas vraiment aux parents comment ils doivent agir. Quel genre de style parental devrait-on adopter pour remplacer le vol stationnaire et la surprotection de l’hélicoptère ?
Une réponse possible est : “Soyez un parent sauveteur”. Considérez votre rôle de parent comme celui d’un maître-nageur : restez à l’écart de l’action et gardez un œil sur tout ce qui se passe, prêt à intervenir si nécessaire. Un maître-nageur reste sur la touche et est capable de faire la différence entre un jeu inoffensif, un jeu qui se rapproche du danger et un jeu qui présente un risque immédiat.
Cette analogie utile est apparue lors d’une conversation entre le Dr Mariana Brussoni, psychologue du développement et professeur associé à l’Université de la Colombie-Britannique, qui est un défenseur bien connu des jeux dangereux pour les enfants, et Richard Monette, rédacteur en chef de Active for Life. Laisser son enfant s’adonner à un jeu risqué ne signifie pas le mettre en danger ; les parents doivent plutôt exercer une ” vigilance “, une approche que M. Brussoni décompose en trois parties et que M. Monette compare à la surveillance d’un navire. Ces trois parties sont (1) l’attention ouverte, (2) l’attention ciblée et (3) l’intervention active.
Attention ouverte
L’attention ouverte est le stade dans lequel les parents devraient se trouver la plupart du temps, en montrant un intérêt bienveillant pour ce que font les enfants, mais en gardant leur distance physique et en restant non intrusifs. Selon Brussoni, “un sentiment de confiance imprègne l’expérience” et, lorsque les parents prennent du recul pour observer les enfants en train de jouer, “ils sont impressionnés par les capacités de leurs enfants”.
L’attention ciblée
On parle d’attention focalisée lorsqu’un parent perçoit des signes d’alerte et devient plus vigilant. Il est peut-être temps de prendre des nouvelles de l’enfant pour voir comment il va. C’est peut-être une bonne occasion d’aider l’enfant à réfléchir à ses actions, plutôt que de les diriger. Brussoni utilise l’exemple d’une branche d’arbre qui peut sembler trop fine à l’œil d’un parent, mais que l’enfant n’a pas encore analysée de manière critique. Demandez à l’enfant : “Que penses-tu de cette branche ?” au lieu de lui crier : “Ne va pas sur cette branche !”. La plupart du temps, le jeu redevient sûr et le parent peut revenir à une attention ouverte.
Dix-sept secondes
Un conseil intéressant que donne Brussoni est de compter jusqu’à 17 avant d’intervenir dans une situation qui devient plus risquée. Si 17 semble être un choix étrange, elle explique qu’il s’agit d’un nombre conçu par la directrice d’une école britannique, qui a trouvé qu’il permettait de déterminer si une situation allait s’améliorer ou s’aggraver. Il donne à un parent suffisamment de temps pour laisser une situation se dérouler et à un enfant pour lui montrer ce dont il est capable.
Intervention active
L’intervention active est le moment où un parent doit intervenir pour réduire le risque immédiat. Un enfant peut ne pas se rendre compte qu’il est près du bord d’une chute, d’une route fréquentée ou d’une eau profonde, et le parent doit alors assurer sa sécurité. En dehors des situations d’urgence, évitez les messages de contrôle et efforcez-vous toujours de donner aux enfants le pouvoir de gérer eux-mêmes les risques.
Selon M. Brussoni, la grande majorité du temps d’un parent devrait être consacrée à l’attention ouverte. Des jours peuvent s’écouler sans que l’attention ne soit jamais focalisée. L’intervention active doit être extrêmement rare.
Il est essentiel d’éviter de dire aux enfants d’être prudents en permanence. Cela envoie le message que l’enfant ne peut pas faire les choses sans l’aide de ses parents. Ils entendent : “Je ne suis pas capable. Je ne peux pas décider moi-même de la façon dont je vais faire cette activité. J’ai besoin d’un adulte pour me dire quoi faire”. Il s’agit d’un message néfaste à intérioriser, qui peut nuire à la confiance en soi naissante de l’enfant. Il alimente également une peur irrationnelle de son environnement.
Conclusion
Permettre aux enfants de s’adonner à des jeux à risque n’est en aucun cas une excuse pour que les parents cessent d’être vigilants ; au contraire, ils doivent adapter le type de vigilance qu’ils utilisent et surveiller de loin, comme le fait un maître-nageur. Il est utile d’y penser littéralement aussi – “garder son enfant pour la vie” en gardant un œil sur lui, mais sans faire la vie à sa place.
Personne n’a dit qu’être parent était facile, mais cela peut être moins accablant si vous renoncez à un certain contrôle, si vous apprenez à vos enfants à faire les choses de manière indépendante et si vous leur faites confiance pour s’autoréguler. Tout le monde en sort plus heureux au bout du compte.